Le guide des anime de l'automne 2019
Blade of the Immortal

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Blade of the Immortal (TV 2019) ?
Note de la communauté : 4.1



Qu'est-ce que c'est ?

Samouraï sans maître errant sur les routes du Japon médiéval, Manji est immortel. Afin d'expier les crimes commis lorsqu'il était au service d'un cruel seigneur, il porte en lui un mystérieux ver qui guérit ses plus terribles blessures. Il ne recouvrera sa moralité qu'après avoir occis mille scélérats. Blade of the Immortal est diffusé sur Amazon Prime le jeudi.

Comment était le premier épisode ?

Pa Ming Chiu

Note :

Ère Edo. La jeune Rin voit sa famille massacrer par les Ittô Ryu, un gang de maitres d'armes qui ambitionnent de s'emparer de tous les dojos prestigieux du Japon pour s'imposer en tant qu'école unique.
Rin a soif de vengeance mais se rend toutefois compte de ses limites, n'arrivant même pas au niveau de son défunt père. À la recherche d'un yôjinbô (un garde du corps) pour l'accompagner dans sa quête meurtrière, elle fait la rencontre de Manji, un ronin surnommé « le tueur des 100 ». Ce dernier essaye de trouver la rédemption et s'est mis en tête d'expier ses crimes passés en tuant 1 000 scélérats qui le méritent. Mais Manji a surtout la particularité d'être habité par des vers étranges qui guérissent toutes ses blessures et le rendent quasiment immortel…

Après une très honorable adaptation live par Takashi Miike, l'œuvre culte de Hiroaki Samura se voit enfin redéclinée en série animée !
Dès les premières minutes de l'épisode, on peut constater qu'il n'y aura pas de concession sur la violence et le gore, ce qui est déjà un bon point tant une version édulcorée de L'Habitant de L'infini n'aurait pas de sens.
Tout comme dans le film live, on peut toutefois regretter la disparition de la svastika sur le kimono de Manji. Le choix est compréhensible, celle-ci pouvant encore être confondue avec la croix gammée nazie (qui a détourné définitivement le sens de la svastika dans la mémoire collective occidentale), mais il est quand même dommage de perdre ce symbole d'éternité qui définit si bien le personnage.
L'autre point marquant est la qualité de la direction artistique de Tadashi Kudo (Berserk : l'âge d'or, Katanagatari, Arslan, etc.) et de la mise en scène du réalisateur Hiroshi Hamasaki (Shigurui, Terra Formars, Orange, etc.) Les tons noir, blanc et rouge évoquent Sin City, mais sans l'épuration graphique, et le sound design répétitif et minimaliste qui rythme cette première boucherie lui donne une superbe musicalité digne d'un western spaghetti de Sergio Leone.
La qualité de mise en scène se confirme aussi dans les moments plus calmes, avec notamment des cadrages parfois audacieux et une bonne gestion du rythme des plans de coupes, tour à tour subliminaux ou au contraire longs et contemplatifs.
Graphiquement, économie oblige, on ne retrouve pas le trait pictural et organique de Samura mais le character design du débutant Shingo Ogiso n'en est pas moins d'une grande fidélité. Cette économie se ressent aussi dans l'animation globale, les moyens ayant clairement étés mis en priorité sur les scènes d'action. On a ainsi parfois des successions de plans fixes, mais fort heureusement, la mise en scène réussit, là encore, à compenser en les utilisant à bon escient et en les maquillant à coups de fondus.

En somme, on attend de voir la suite, mais cette adaptation est pour l'instant particulièrement enthousiasmante et pourrait bien finir par rejoindre le panthéon des animés chanbara, aux côtés de Kamui no Ken, Ninja Scroll ou le Chapitre de la Mémoire de Kenshin.


Bruno De La Cruz

Note :

L'habitant de l'infini est l'un des 10 premiers mangas que j'ai lus. Et à ce jour ca reste mon titre préféré. Il y a donc un petit pincement au cœur (je suis excité comme jamais) au moment de regarder cette première adaptation de l'œuvre d'Hiroaki Samura. Non, le premier portage mené chez Bee Train en 2008 n'existe pas, qu'on soit bien d'accord. En revanche, celle de Takeshi Miike n'est pas inintéressante à regarder.

Assez parlé de moi, prenons cette production par le bon bout en la personne de Hiroshi Hamasaki. Il est la pierre angulaire du projet, et ce n'est pas toujours le cas quand on parle d'animation japonaise. Il fait partie de ces noms ayant une très forte identité à l'écran. Sans les hiérarchiser, il est à ranger aux côtés d'artiste tels que Shin'ichiro Watanabe, Hiroshi Nagahama ou encore Sayo Yamamoto. Le résultat à l'écran ne peut les trahir. Reprenez le CV d'Hamasaki : orange, Texhnolyze, Steins;Gate (en plus coloré) et surtout Shigurui sont par essence des projets tirant à profit le travail pur de réalisation (story-board, ambiance) plutôt que de compter sur de grosses ressources techniques. Ayant grandi dans la violence de Madhouse (chara-designer de Bio Hunter, par exemple), il aime les productions dites adultes.

L'Habitant de l'infini est donc l'extension de Shigurui avec un fonds de commerce violent, une certaine poésie graphique (le chef-d'œuvre d'Hiroaki Samura repose surtout sur sa virtuosité graphique plutôt que son propos - peut être désuet - sur la vengeance), et sur ce pont la diffusion via la plateforme Amazon Prime permet d'éviter toute censure (et l'épisode 1 le prouve). Vu la conjoncture (ressources humaines manquantes), la nomination de Hiroshi Hamasaki est la meilleure nouvelle que les fans du manga pouvant recevoir. En peu de plan, et grâce à une photographie cendrée et un cadre pessimiste (l'humour est banni, et c'est tant mieux je pense), on a une série qui sait poser son cadre étouffant et ne pouvait mieux démarrer. Aussi, j'aimerais dire que le studio LIDEN FILMS n'est pas une immense structure (fondée en 2012) mais elle est très active et avait récemment fait de bonnes choses avec Arslan Senki ou Hanebado!.

L'autre star du show c'est Shingo Ogiso, un animateur reconnu pour sa capacité d'adaptation et ses séquences de combats à l'épée dans Bleach. Ici, il endosse le rôle de chara-designer et de directeur d'animation. Au moment de sortir les premiers model sheets (c'est-à-dire les visuels des chara designs façon bible), il était rassurant de voir des designs pas forcément épurés. Il y a du caractère dans le trait d'Ogiqo, qui se permet à la fois de respecter celui de Samura (notamment dans sa façon de faire les bouches) et de proposer des visages plus torturés. Au final, on a quelques citations, mais le rendu fait honneur au manga et à son expérience.

Il est inévitable que cela va tousser par moment, mais vu les idées placées (avec parfois des images live et des séquences au rendu traditionnel), il y aura toujours un aspect intéressant à regarder. Et dans le pire des cas, cela peut vous mener à lire le titre disponible chez Sakka en France. En attendant peut être le nouveau manga débarqué au Japon ?


Damien Hilaire

Note :

Une jeune fille se tient terrorisée devant le cadavre de son père, les meurtriers sont encore là, sa mère est emmenée pour subir sévices et tortures et la gamine reste seule dans le dojo familial taché de sang. Voilà deux ans que l'histoire s'est passée et la gamine chemine seule sur la voie de la vengeance, elle rumine son douloureux passé devant la tombe de son père quand une vieille multi-centenaire autoproclamée lui propose d'aller trouver un garde du corps pour l'aider dans sa quête : Manji, un tueur un vrai, des centaines de cadavres à son actif, une histoire sordide et une recherche de la rédemption.
Seulement le voilà maudit et quand la jeunette frappe à sa porte, il ne peut détourner le regard et s'embarque avec elle, sabre à la main pour devenir son bras armé. Ensemble ils vont défier les membres du Itto-ryu et peut-être alors se libérer du poids des morts pesant sur leurs épaules.

Blade of the Immortal ou L'Habitant de l'infini (Mugen no jûnin en version originale) est un classique parmi les classiques, l'oeuvre d'Hiroaki Samura est un des titres de samurai les plus crus et célèbres de l'archipel, un dessin incroyable, une histoire forte et des personnages emblématiques qui jouent une danse de la mort effrénée tant qu'ils le peuvent encore.
Devant un tel monument, le défi de l'adaptation est de taille. Plusieurs fois le titre y a eu droit, un anime d'abord qui adaptait que partiellement l'intrigue et un film live par Takashi Miike qui prenait ses aises avec l'histoire originale. Cette fois la production se fait au sein de LIDEN FILMS et autant dire que ça n'est pas le studio que l'on attendait ici. Tout aussi surprenant, on trouve à la réalisation Hiroshi Hamasaki, le réal de Steins;Gate et d'Orange. Ça l'est beaucoup moins quand on sait qu'il a aussi réalisé l'adaptation de Shigurui, autre manga de samurai qui peut se targuer d'être au moins aussi sale que L'Habitant de l'infini, ce qui est assez rare pour être souligné. De fait le voir ici n'est clairement pas un hasard.
Par contre on va pas se faire des films tout de suite, LIDEN FILMS c'est pas Bones.

L'Habitant de l'infini joue donc la carte de l'esthétique à fond. Le cadre et les décors sont travaillés, proposant surtout des plans très stylisé semblable à des tableaux jouant énormément sur des poses iconiques. L'animation reste au service minimum, c'est propre mais ça cherche pas à faire de grand duel redoublant de virtuosité. Ils connaissent leurs limites et ils ont raison de s'y soumettre, il aurait fallu beaucoup plus de personnel, de temps et d'énergie pour réaliser la série dans des conditions d'animation réelle. Dans l'immédiat c'est joli, ça se suit bien et le rythme est bon. Pour l'instant du moins, car il a été annoncé que la série adapterait l'intégralité du titre, soit 30 tomes étalés en 24 épisodes, ça a de quoi faire peur, mais restons positif, même si oui, ça n'est pas des conditions idéales, de récentes séries emblématiques de la même époque ont été adaptées dans un format proche et le résultat n'était clairement pas à la hauteur. Espérons qu'ils éviteront cet écueil.


EmmaNouba

Note :

Adapter un manga culte est un défi, surtout quand c'est la seconde tentative. Et là, on peut dire que c'est une réussite complète. L'Habitant de l'infini fait partie de ces séries graphiques fleuves (30 tomes) qui ont fait les délices des amateurs de bande dessinée nipponne dès le début des années 1990 et ce, malgré des accidents de publication. Il a eu en effet droit à une première édition chez Casterman, à « la française » avec sens de lecture adapté jusqu'au tome 9, puis est passé chez Sakka (toujours Casterman) dans son sens de lecture originel. Pendant dix ans, on a pu suivre les aventures de Manji, un ronin immortel, au doux surnom du tueur aux 100. Le gars maudit ne peut refuser de faire justice et comme il ne fait pas dans la dentelle, il est donc fortement conseillé aux âmes sensibles de s'abstenir. Les combats sont souvent, voire toujours, ultra violents, à base de litres de sang projetés.
Pour se débarrasser de sa malédiction, Manji doit tuer 1 000 criminels. Ce n'est pas simple tous les jours, d'être dans la peau de ce ronin taciturne et balafré. D'autant qu'immortel ne veut pas dire qu'il ne souffre pas ou qu'il ne se blesse pas. Il est juste en mode réparation immédiate grâce à des petits vers qui le guérissent. Pas très ragoûtant mais terriblement efficace.

A l'époque déjà, le manga avait marqué par son côté gore et pourtant le dessin tout en finesse était somptueux. Ecrit et dessiné par Hiroaki Samura, grand connaisseur de l'ère Edo (entre 1603 et 1867), L'Habitant de l'infini est devenu un classique. C'est plutôt malin de la part d'Amazon Prime Vidéo de proposer ce titre pour attirer le chaland, d'autant qu'il n'est pas produit par des pieds nickelés de l'animation mais par l'excellent studio Liden Films (Berserk, Terra Formars). La réalisation est assurée par Hiroshi Hamasaki (Orange) qui notamment travaillé sur Memories sous la direction de Katsuhiro Otomo, Metropolis de Rintaro. L'adaptation est quand à elle signée par Makoto Fukmai (Revisions pour Netflix) et l'opening Survive of Vision, est magistralement interprété par Kiyoharu.

Tout ce petit monde a fait de l'excellent travail. C'est juste à tomber tellement c'est beau. En trois minutes, le ton est donné : notre héros immortel se fait attaquer par une bande qui vient de liquider sa petite sœur. Il les massacre. Graphiquement on se croirait dans le manga, en noir et blanc, mais rapidement le rouge arrive, avec les combats. L'homme ne se laisse pas abattre et malgré la violence, c'est juste visuellement très abouti et captivant. Après un tel opening, l'arrivée des couleurs pourraient apporter un souffle pour laisser souffler le spectateur : que nenni ! Dans une maison, une femme et sa fille attendent, inquiètes. Un homme arrive en sang, le père. Et là débute le cauchemar de la jeune fille Lin : son père est tué devant ses yeux par trente hommes, des maîtres d'arme d'Itto-Ryu et sa mère, emmenée après avoir été violée. Deux ans passent, elle n'a qu'un but : venger ses parents. Au cimetière, elle fait la connaissance de Yaobikuni, qui dit avoir 800 ans. Le Yokai lui conseille d'engager le tueur aux 100.
Et voilà, c'est parti, l'aventure peut commencer. L'Habitant de l'infini est tout simple inratable.


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