Le guide des anime de l'automne 2022

Raven of the Inner Palace

La concubine Corneille est une concubine impériale qui n'a jamais été appelée dans la chambre à coucher de l'empereur et qui mène une vie singulière dans les pavillons de la cour. Considérée par certains comme ayant l'apparence d'une vieille femme, et par d'autres comme une jeune fille, elle est connue pour utiliser une forme de magie qui l'aide à tout faire, de la recherche d'objets perdus à conjurer des malédictions. Lorsque certaines circonstances lui font enfin rencontrer l'empereur, sa vie va s'en trouver changée…

Raven of the Inner Palace est diffusé sur Crunchyroll le samedi à 18 h.

Guillaume Lasvigne
Note :

Ce week-end marque les débuts du froid (n'oubliez pas d'éteindre toute source de chauffage et de mettre des cols roulés), mais surtout d'une nouvelle saison d'anime marquée par quelques blockbusters que l'on espère à la hauteur des attentes. Plus important encore, il y a ces outsiders que l'on n'attend pas et qui nous surprendraient d'autant plus. Derrière d'évidents défauts, Raven of the Inner Palace sera peut-être de ceux-là.

Enième adaptation de light novel, la série nous plonge dans ce qui a tout d'une Chine fantasmée d'un temps révolu, teintée de fantastique et d'enquêtes surnaturelles. Un homme « de basse extraction », devenu empereur après avoir renversé le pouvoir, cherche des preuves tangibles de la culpabilité de celle qui l'a précédé, qui aurait mené sa mère au suicide. Pour arriver à ses fins, il fait appel à Shouxue, une concubine particulière puisqu'elle vit seule, ne partage pas la couche de l'empereur et n'est même jamais amenée à le croiser. Mieux encore, elle serait dotée de pouvoirs pour le moins particuliers…

Chacun à leur manière, des séries comme The Heike Story ou Mononoké avaient démontré l'importance d'une identité forte pour faciliter l'immersion du spectateur dans un cadre spatio-temporel différent du tout-venant. Raven of the Inner Palace en est la démonstration inversée : de son character-design générique (bien que doté d'un certain charme) à sa direction artistique impersonnelle, en passant par des personnages tout à fait contemporains, l'anime affiche ouvertement cette éternelle dichotomie entre un decorum « d'époque » et des inspirations visuelles particulièrement contemporaines. Certes, le story-board – signé du réalisateur Chizuru Miyawaki – vient parfois rehausser l'ensemble, et une séquence de flash-back évoque, de très loin mais quand même, les travaux de Lotte Reiniger. C'est pour l'heure trop peu pour véritablement séduire, et l'on a du mal à croire que la série serait de celles installant le spectateur dans son confort habituel pour mieux le surprendre par la suite.

Si on laisse totalement le bénéfice du doute à Raven of the Inner Palace, c'est surtout parce que ce premier épisode démontre la volonté de prendre le registre fantastique au sérieux, et d'user de son pouvoir allégorique pour parler de ses personnages. Shouxue en est évidemment la pierre angulaire. La jeune femme affiche un charisme et un potentiel thématique suffisamment importants pour que l'on se laisser tenter par cette enquête que l'on imagine surprenante à bien des niveaux ; peut-être même sur celui de la mise en scène, nonobstant de grosses ficelles à l'image de l'assassinat inaugural, laissé hors-champ. Et puis il y a la musique d'Asami Tachibana, manifestement plutôt inspirée par l'aura de mystère qui entoure l'histoire de cet univers.

Bref, la série ne sera probablement pas l'une de ces surprises venues de nulle part dont on vantera les qualités jusqu'à la fin de la saison. Pour autant, il semble avoir tout ce qu'il faut pour être un divertissement solide et rythmer nos soirées automnales avec un minimum de savoir-faire. Et c'est déjà pas mal.

EmmaNouba
Note :

Quand le prince déshérité Gaojun Xia prend le pouvoir et évince sa terrible marâtre dans la scène ouvrant Raven of the Inner Palace, le spectateur se dit qu'il est parti pour un anime de facture bien agréable mêlant légendes et histoire de la Chine. On comprend en quelques flash-back que l'ancienne impératrice a pris le pouvoir par le meurtre et que le jeune homme va être couronné sans opposition. Il faut attendre l'opening de Queen Bee, au titre évocateur de Mysterious dans lequel on voit voler une jeune femme, pour se douter qu'il va y avoir du mystère et de la magie dans cette série.

Dire que ce premier épisode prend son temps est une évidence puisque le titre annonce une introduction en deux parties. On y apprend qu'au cœur de l'immense palais, dans le bâtiment Yeming, vit une jeune femme qui n'a jamais partagé la couche de l'empereur : la concubine corneille. Tous la craignent et lui attribuent des pouvoirs magiques. C'est là que l'Empereur et son chambellan, Weiqing, se rendent alors qu'il fait encore nuit. Ils rendent visite à celle que tout le monde craint, et découvrent une très belle jeune femme, Shouxue Liu. Elle refuse de l'aider car la demoiselle est capricieuse et a un sacré caractère ! Mais bien entendu, il va trouver un moyen de l'amadouer, la belle étant… gourmande. Un peu cliché certes, mais efficace. Il veut savoir à qui appartient une boucle d'oreille, qui aurait été laissée par un fantôme. La belle part enquêter et se mêle aux femmes du personnel.
C'est par ce truchement que l'on découvre l'histoire de Gaojun Xia, mais aussi celle de Yingnu Ba, une concubine qui pourrait être le spectre qui vient hanter le jeune homme… Il ne serait pas le premier à subir les visites des esprits, son grand-père, pour prendre le pouvoir, aurait exterminé tous les membres de la dynastie précédente, les Luan, reconnaissables par leurs cheveux argentés. En retour, les Luan l'auraient maudit jusqu'à sa mort… Contrairement à son aïeul, le jeune empereur semble être un homme juste, il refuse d'employer les mêmes méthodes que la douairière. Mais il n'a pas l'intention de ne pas la punir, c'est pour cela qu'il cherche des preuves pour son jugement. Il aurait pu la tuer, mais cela aurait été s'abaisser à son niveau…

Même si ce premier volet n'est qu'un avant-goût, on se prend à apprécier l'animation certes classique, mais jolie, et la réalisation dynamique, entrecoupant récit et passages de flash-back, de Chizuru Miyawaki (Gintama) ainsi que les chara-design signés Shinji Takeuchi (Fairy Tail, Gintama) s'appuyant sur les chara-designs originaux de Ayuko.
L'adaptation du light novel, signé par Kôko Shirakawa, est réalisée par Satomi Ooshima (Hataraki Man), le tout est une production Bandai Namco Pictures. Quant à savoir vers où va aller cette série, sans le second volet, cela reste difficile. Toutefois, Raven of the Inner Palace se démarque des productions actuelles, ne serait-ce que par la façon dont sont présentés les serviteurs de l'empereur, avec notamment des questionnements sur leur condition sociale. Et c'est assez rare pour être souligné.